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La croix et la bannière

Couverture du livre « La croix et la bannière » de William Boyd aux éditions Points
  • Date de parution :
  • Editeur : Points
  • EAN : 9782020536363
  • Série : (-)
  • Support : Poche
Résumé:

Henderson Dores a quarante ans ou presque. Il est timide, gauche et anglais. Il a aussi le don de se mettre dans des situations impossibles. Grâce à quoi il a déjà raté son mariage et risque fort d'en faire autant pour sa vie. Il a résolu de redresser la barre. Il a décidé de changer. Pour... Voir plus

Henderson Dores a quarante ans ou presque. Il est timide, gauche et anglais. Il a aussi le don de se mettre dans des situations impossibles. Grâce à quoi il a déjà raté son mariage et risque fort d'en faire autant pour sa vie. Il a résolu de redresser la barre. Il a décidé de changer. Pour opérer cette mutation il a choisi les Etats-Unis, la Terre Promise de ceux qui se veulent dépourvus de complexes, assurés dans la vie, heureux en affaires et confiants dans l'avenir. Le voici à New York. Il aime l'Amérique. L'Amérique l'aimera-telle en retour ?
Expert en tableaux, Henderson est chargé d'aller évaluer et obtenir le privilège de vendre la collection d'un milliardaire sudiste. Le prélude à cette mission n'est pas exactement prometteur. Mais que dire du séjour à Luxora Plage (Georgie), une plage aussi étrangère à la mer que ses habitants aux moeurs, langages et coutumes de la vieille Angleterre, et des incroyables événements qui s'ensuivent et que va vivre, littéralement au galop, notre héros ?
Au-dessus du petit bureau de poste de Luxora Plage, flotte toujours le drapeau des confédérés, avec sa croix et ses étoiles. Rien ne pourrait mieux symboliser la tentative de conquête de l'Amérique par Henderson que cette bannière et sa croix pas comme les autres.

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Avis (1)

  • C’est quelque chose qui nous échappe, à nous qui ne sommes ni Anglais ni Américains, mais qui à force de lectures anglaises, commence à m’apparaître. Cette étrange relation d’amour-haine-envie qui fait de beaucoup d’écrivains anglais les chantres d’une relation transatlantique qui pourrait...
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    C’est quelque chose qui nous échappe, à nous qui ne sommes ni Anglais ni Américains, mais qui à force de lectures anglaises, commence à m’apparaître. Cette étrange relation d’amour-haine-envie qui fait de beaucoup d’écrivains anglais les chantres d’une relation transatlantique qui pourrait ressembler à celle que vous ressentiriez pour un cousin, inculte, vulgaire mais qui a réussi. Ce parvenu vous insupporte mais vous l’enviez parce que tout, chez lui, est plus grand, plus fort, plus riche, plus puissant. Trivialement, vous ne le supportez pas parce que vous avez compris qu’il l’a plus longue que vous. On retrouve ça chez Le Carré, par exemple, chez lequel la CIA n’a presque jamais le beau rôle, comme si ses moyens tellement supérieurs, son arrogance insupportable, sa mesquinerie condescendante vis-à-vis de l’ancienne mère patrie devenue satellite, devaient fatalement la conduire vers des sommets de prévisible bêtise.
    Ici, même si le personnage principal, anglais cultivé, expert chez un marchand d’art new-yorkais, avoue son admiration pour l’Amérique, il y a bien quelque chose de ce choc culturel que l’usage d’une langue commune ne parvient pas à masquer. Surtout dans le Sud profond où Henderson, malgré sa bonne volonté, ne parvient même pas à se faire comprendre. Cela donne quelques scènes savoureuses lorsqu’il tente de parler comme les autochtones.
    Henderson confronté à l’Amérique profonde ressemble un peu au personnage d’un Anglais sous les Tropiques qui, lui, était confronté à la réalité stupéfiante de l’Afrique et à sa propre bêtise. De New-York à Atlanta, notre héros policé et cultivé va tomber de Charybde en Scylla en devant subir les caprices d’une petite garce de quatorze ans, ceux d’un centenaire végétarien qui voudrait vendre quelques tableaux impressionnistes, les menaces de son fils qui, lui, ne veut pas et de concurrents prêts à toutes les extrémités pour le mettre hors jeu.
    Reste le plan sentimental et, si plusieurs ouvertures attrayantes s’offrent à lui, disons qu’il y a parfois des aléas qui font qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. On suit avec plaisir et le sourire aux lèvres les mésaventures de notre Anglais chez les anciens Confédérés (d’où le titre) et ses dérisoires tentatives pour se faire accepter. Et si l’on se doit de lui donner raison lorsqu’il demande un verre pour boire sa bière dans un bar (pardon, j’allais écrire dans un pub), force est de constater que… « le barman lui jeta un regard lourd de soupçons – comme s’il avait demandé où se trouvaient les toilettes pour dames – avant de farfouiller sur des étagères sous le bar et de lui offrir un verre épais, rayé et à moitié opaque. » Mais dans un bar, on se fait toujours un ami, non ? « Vous frappez pas, le réconforta Beckman. De toute façon, ils vous prennent tous pour des pédés, vous les Anglais. »
    Du régime alimentaire assez particulier qui lui est imposé et des embarras gastriques qui en découlent, en passant par la traversée maritime et mouvementée du hall d’un grand hôtel (style Las Vegas) d’Atlanta ou par une demande en mariage embarrassante, jusqu’à la traversée nocturne de Manhattan dans une tenue que nous qualifierons d’exotique, peu de choses seront épargnées à notre si sympathique Henderson, toujours jovial et prêt à engager la conversation : « Ca pourrait être pire, avait dit Henderson, amical. En Angleterre, il neige. Le préposé aux taxis s’était retourné, le blanc des yeux jaune comme du beurre : L’Angleterre, qu’elle aille se faire foutre ! »
    Mais on ne décourage pas un Anglais si facilement, Rule Britannia ! Car, dans l’adversité, et Dieu sait si, de l’adversité, il va en prendre vent debout et plus que son compte, un Anglais fait toujours front en opposant l’arme absolue : le flegme !
    Lecture facile, lecture joyeuse, lecture surprenante (les ultimes difficultés, on ne les voit pas venir), un excellent Boyd, un de plus.

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