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Né à Séville, Juan Gallardo est un jeune torero adulé comme peut l’être aujourd’hui une rock star ou un dieu du foot. Il doit sa célébrité à la témérité folle et peu académique avec laquelle il tue les taureaux dans les arènes de la péninsule ibérique. A 20 ans à peine, l’ex-gamin pouilleux des quartiers défavorisés connaît désormais la gloire et tous ses accessoires, argent, femmes, luxe. A quoi il faut ajouter les opportunistes qui tentent de profiter de sa bonne fortune : mendiants du quartier ou membres de l’entourage proche, ils sont nombreux à lui soutirer quelques pesetas ou à carrément vivre à ses crochets sans un soupçon de scrupule ou de dignité.
Mais dans l’arène, la puissance et la gloire sont fragiles et éphémères, à la merci d’une blessure, d’une peur soudain incontrôlable, du désamour d’un public capricieux. Juan paiera lourdement la rançon de son succès fulgurant.
Publié en 1908, « Arènes sanglantes » raconte, à travers le destin de Juan, le monde de la tauromachie. Et sous l’habit de lumières, cet univers apparaît bien peu reluisant.
Il y a la cruauté des corridas, évidemment, les souffrances infligées aux taureaux mais aussi aux chevaux des picadors ; les dangers pour les toreros, mais surtout pour leurs assistants sous-payés, le tout sous le regard fervent et malsain d’un public assoiffé de sang – humain ou animal. On se dit que depuis les jeux du cirque à Rome, les choses ont bien peu évolué…
Et puis il y a tous les enjeux économiques générés par l’élevage des taureaux de combat, l’organisation des corridas, la défense des intérêts des toreros par des agents plus ou moins compétents mais également cupides.
Ce petit essai de sociologie tauromachique qui ne dit pas son nom dévoile ce milieu superficiel et précaire, précurseur du star-system, à ceci près qu’ici les protagonistes y jouent leur vie, et que parmi eux, certains n’ont rien demandé.
Avec un certain sens du suspense et du drame, dans un style réaliste et précis, Blasco Ibañez dénonce avec virulence les coulisses d’un « spectacle » qui, plus d’un siècle plus tard, existe toujours.
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