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Tropique de la violence

  • Mayotte, île française au cœur de l’océan Indien. Oubliée de la métropole. Régie par la pauvreté et l’immigration clandestine. Là-bas, la France n’est qu’une idée floue, lointaine. Chaque jour, sur leurs rivages, les réfugiés des îles Comores débarquent en masse en kwassa kwassa. Malades, mourants, familles et nourrissons. C’est l’un d’eux que Marie recueille alors que son mari vient de la quitter. Elle l’appelle Moïse. A ce petit garçon aux yeux vairons, elle va vouer sa vie. Une vie malheureusement trop courte. S’effondrant sur le sol de sa cuisine un matin, elle laisse son enfant de quatorze ans livré à lui-même. Il intègre le gang du pire ghetto de l’île surnommé Gaza, enfer pour enfants perdus sur lequel règne Bruce. Et un jour, commet l’irréparable.

    C’est un roman à plusieurs voix qui facette cette histoire de trajet sans retour vers les ténèbres.
    L’écriture de Nathacha Appanah est toujours aussi incisive, sensible et terriblement brutale. Cette plongée dans la misère profonde, alors que le décor offre tous les attributs du paradis, m’a totalement emportée et bouleversée. Ici, la nostalgie et la mélancolie qui caractérisent ses écrits se retrouvent malaxés par l’extrême rudesse des événements décrits. Plus je lis cette autrice, plus je remarque la constance de son talent. Cette plume, si singulière, je la reconnaîtrais à présent entre mille.

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  • Mayotte, l’île aux parfums, l’île au lagon, un confetti aux airs de paradis dans l’Ocean Indien.
    Mayotte, un bout de France oublié, une île au bord de l’explosion, un enfer pour des milliers de comoriens repoussés dans des bidonvilles répugnants où règne la violence.
    Dans ce roman choc, on entend successivement la parole de Marie, une jeune infirmière arrivée pour suivre son mari et qui sera délaissée faute d’avoir pu lui donner un enfant, d’Olivier le policier, dépassé par un trop plein de violence, de Stéphane, un jeune humanitaire idéaliste confronté à une réalité qui l’accable, et de Bruce un jeune chef de gang qui fait régner la terreur à Gaza, le triste bidonville où échouent les clandestins.
    Et entre eux Moïse. Un jeune garçon aux yeux verts et noir abandonné par sa mère comorienne arrivée en « kwassa », effrayée par sa particularité physique, redoutant qu’il ne soit un djinn maléfique, un bébé entravé qui sera recueilli par Marie, auprès de qui il recevra amour et éducation. Mais le décès brutal de cette seconde mère peu après l’annonce des circonstances de son adoption le fera glisser dans un enfer de brutalité et un chaos sans retour.
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    Ce livre est époustouflant. Il réussit le tour de force de mettre de la lumière dans la noirceur, de la beauté dans la laideur, de la douceur dans la violence. Un livre de contrastes qui nous donne à voir toutes les facettes de cette île, « son envers et son endroit, son soleil et son ombre, sa vérité et son mensonge ». Une île où la beauté la plus intense s’oppose à une colère la plus froide, à la misère la plus insoutenable. Elle est poignante la vie de Moïse, cet enfant sauvé des eaux mais rattrapé par un destin funeste, et après travers lui, Natacha Appanah nous en dit plus que mille reportages sur le sort de ces jeunes oubliés, délaissés, sacrifiés. Un bout de France où un enfant peut se réjouir de trouver dans la rue une veille brosse à dent oubliée…
    Déchirant et révoltant, plus encore aujourd’hui où l’eau manque sur cette île. On imagine sans mal la détresse de ceux échoués dans ces taudis et ça déchire le cœur.
    Coup de cœur pour ce texte à la puissance évocatrice remarquable et à la plume d’une beauté renversante.
    Une lecture indispensable

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  • « Tropique de la violence » est un roman dont on ne sort pas indemne. D’abord il nous prend aux tripes, et quand on le referme il nous « prend la tête ».
    Les personnages vivent à Gaza, non pas en Palestine, mais à Mayotte, bidonville où s’entassent familles de clandestins venus de Grande Comore ou d’Anjouan chercher le paradis français. Des milliers de mineurs isolés y zonent volent se battent se droguent et meurent. Bruce est leur caïd, il a 16 ans ne connait que la boue la rue et la rage. Olivier le flic fait ce qu’il peut, Stéphane l’humanitaire voit voler en éclats ses idéaux de rédemption. Marie l’infirmière venue de métropole va adopter l’enfant du djinn à l’œil vert que sa mère-enfant abandonne à peine débarquée du kwassa. Marie l’appelle Moïse, l’élève comme un petit français et puis elle meurt et Moïse est seul. Il erre, rejoint Bruce, est livré au chaos. La mer le sauvera en l’engloutissant.
    Natacha Appanah nous entraine dans un chant contre-chant de malheur où leurs voix vivantes et mortes, se répondent et hurlent le malheur, la misère, l’humiliation. C’est en enfer qu’elle nous plonge et cet enfer est un département français. Ce roman est un cri qui ne peut s’exprimer, un torrent de larmes. Il est violence et nous fait violence. C’est un roman mais c’est la réalité de Mayotte aujourd’hui qui vient se cogner à l’indifférence de la métropole si lointaine.

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  • Jeunesse perdue

    Cette jeunesse perdue, c’est celle de Moïse, recueilli puis adopté par Marie, infirmière à l’hôpital de Mamoudzou. Toutes les nuits ou presque les bateaux de migrants arrivent sur ces terres françaises du canal du Mozambique, des femmes, des enfants, des bébés comme Moïse, que sa mère va abandonner car il a un œil noir et l’autre vert, la marque du Djinn… Marie, Moïse et le chien Bosco vivent (presque) heureux jusqu’au jour où Marie meurt brutalement. Dès lors, Moïse qui était déjà hanté par ses origines, perd pied : il n’a que quinze ans, il s’enfuit avec Bosco et devient un enfant des rues, livré à lui-même. Il rencontre Bruce, le caïd du bidonville-ghetto de Gaza, il rencontre Stéphane, un travailleur humanitaire, il rencontre Olivier, un policier humaniste… Mais inexorablement Mo est dévoré par la violence, une violence implacable, extrême, qui ne laisse aucun répit au lecteur, la violence qu’il subit mais aussi la sienne, celle qu’il porte en lui et qu’il laisse sortir, vaincu…
    Ce récit se déroule à Mayotte, un archipel acheté par Louis-Philippe et depuis le référendum de 2009, un département et une région d’Outre Mer. Mayotte n’est pas le petit paradis décrit par les brochures touristiques : près de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté, un habitant sur deux a moins de 20 ans, l’archipel est la proie d’une immigration clandestine venue de pays encore plus pauvres. De nombreux conflits sociaux émaillent les dernières années sans que rien ne soit résolu depuis l’écriture de ce roman…
    Je referme ce livre dévastée.

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  • Coup de coeur pour ce roman de Natacha Appanah! Tropique de la violence c'est l'envers du décor de Mayotte, un département français.Dans un récit polyphonique qui peut paraître parfois un peu répétitif, Natacha Appanah en donnant la voix à plusieurs reprises à ses personnages leur offre la possibilité de se comprendre de mieux en mieux. Même morts, ils continuent à exprimer leur point de vue et cela ajoute une dimension spirituelle au roman.
    L'auteure déroule des facettes opposées de Mayotte: dans le quartier" Gaza" elle dit à travers Bruce ,La Teigne, Moise,la violence des enfants livrés à eux-mêmes," enfants nés au mauvais endroit, au mauvais moment" embrigadés dans des gangs sans foi ni loi qui terrorisent les habitants.Bruce se révolte contre les représentations que l'on fait des mineurs isolés.il revendique sa dignité de Mahorais aux ancêtres esclaves,il est porteur de croyances transmises de génération en génération .Quand le système scolaire classique ne veut plus de lui,c'est une rupture , peut-être sa revanche est-elle de devenir le chef incontesté de Gaza.
    Il y a au sud une population qui vit sereinement dans des paysages idylliques.Moïse profite d'un déplacement avec Stéphane un Français d'une ONG pour découvrir la plage de Brandakouni où encore bébé, il a débarqué avec sa mère comorienne.Il imagine alors que sa mère au lieu de l 'abandonner dans les bras d'une infirmière ,Marie, parce que son bébé a les yeux vairons, le dépose dans le creux d'un baobab.
    L'île abrite une population bigarrée :les Mahorais cohabitent difficilement avec les Blancs venus de France , avec les migrants et les clandestins. Marie vient de France pour suivre son mari .Infirmière à l'hôpital, elle adopte Moïse et l'éduque en enfant blanc ce qui ne sera pas simple à vivre.

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  • Sous le soleil des tropiques, tout n’est pas rose et tranquille. Les vagues qui viennent s’échouer sur les rivages de Mayotte, département et région d’outre-mer, transportent avec elles leur lot de malheur et de misère. Vous avez déjà du entendre parler des kwassas-kwassas.

    Ce « Tropique de la violence » c’est l’histoire de jeunes gens nés au mauvais endroit au mauvais moment. Il faut être fort et sacrément volontaire pour contourner les chemins de la violence, de l’ignorance et du dégoût que peut inspirer Gaza, nom de Kaweni, un immense bidonville de Mamoudzou, chef-lieu de cette île aux encablures de l’océan indien et du canal du Mozambique.

    C’est une histoire à cinq voix, celle de Marie, la mère, de Moïse, le fils, de Bruce, le chef de Gaza, de Stéphane, le volontaire d’une ONG qui œuvre comme elle peut, et enfin d’Olivier, le flic. Ces cinq voix parlent d’amour, de peur, de vengeance, de misère ou bien encore de désillusion. A ces cinq voix, s’ajoutent les croyances ancestrales, les djinns qui rôdent et les morts qui susurrent à l’oreille des vivants.

    L’écriture épouse le rythme de plus en plus saccadé des aventures de Moïse, jusqu’au dénouement. C’est tout à la fois violent et déchirant, bouleversant et déchirant.

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  • L’écriture est abrupte, la réalité cruelle…

    L’histoire débute avec Marie, jeune infirmière, qui rencontre un homme dont elle tombe amoureuse et le suit à Mayotte. Elle y découvre la misère locale et l’amour pour Moïse, petit garçon qu’elle adopte après qu’il ait été abandonné par sa mère maternelle pour avoir des yeux de couleurs différentes. Aimé et élevé par une femme blanche Mo est mal vu dans le quartier de « Gaza » de Mayotte où c’est la loi du plus fort qui domine.
    « Pour être le roi, il faut avoir des sympathisants, à qui tu offres une cigarette, un joint, un conseil, une protection et qui, en retour, te parlent. (…) Avant tout, il faut avoir de l’argent, de la thune, du fric, money money money, il faut que ça rentre, il faut que ça sorte, il faut que ça boive, que ça fume et que ça revende. Le meilleur joint c’est toi qui dois l’avoir. C’est toi qui dois l’offrir aux autres. » (page 95)

    Peut-être est-ce la dureté du récit à laquelle je n’étais pas prête, mais la première partie du roman m’a déconcertée. Je n’ai pas réussi à me mettre dedans, un sentiment d’avoir raté un moment clé à plusieurs instants…

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  • Voici une lecture bouleversante et qui nous entraîne et nous montre de façon très réaliste et poétique à la fois, la misère qui peut régner dans un département français. Cette histoire se déroule à Mayotte et non pas dans des pays pauvres. Polyphonique, ce roman va nous raconter la vie de Marie, une infirmière métropolitaine qui a suivi un beau mahorien, ils travaillent tous les deux à l'hôpital de la ville mais une naissance tarde à venir et elle voudrait tant avoir un enfant. Elle se sépare alors de son bellâtre et se retrouve toute seule. Puis un jour, des clandestins sont accueillis à l'hôpital et une jeune mère lui confie son fils, il porterait malheur avec ses deux yeux de couleurs différents : ce serait le fils d'un djinn. Moïse va alors vivre avec Marie mais celui-ci va être tenté de se trouver, et va fréquenter des jeunes du quartier-ghetto, Gaza où règne la violence et la loi des bandes. Il va d'ailleurs intégrer la bande de Bruce, le Roi de Gaza. Nous allons aussi croiser le long des pages Stéphane, un jeune qui travaille dans une ONG pour quelques mois, car cela fait bien dans un Cv et pourquoi partir vers Haïti ou en Afrique, mais il va être très surpris de la situation qu'il va trouver sur cette île qui aurait tout pour être paradisiaque. Il y a aussi Olivier le policier et Bacar le pompier. L'auteure nous entraîne dans les vies de chacun de ses personnages et il y a aussi beaucoup d'humanité dans cette misère et de belles pages, en particulier quand Moïse arrive à faire une pose et lire et relire l'enfant et la rivière d'Hervé Bosco, il va d'ailleurs baptiser ainsi sont bâtard de chien. L'auteure nous décrit une situation si difficile mais elle nous parle avec beaucoup d'humanité du point de vue de chacun et il y a tout de même de l'humanité, de la solidarité dans ses relations humaines. Un livre coup de poing et très choquée que telles choses puissent se dérouler dans un département français.

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