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Tortilla Flat c'est une tranche de vie qui reflète bien l'époque où se passe le livre. Pour les personnages, leur but dans la vie est essentiellement les besoins de base de la vie. Seul Danny semble voir un peu plus loin et être plus sérieux que ses compagnons.
Avant les Raisins de la Colère ou encore des Souris et des Hommes, Steinbeck qui a reçu le prix nobel de littérature, Lauréat Prix Pulitzer, nous délivre une comédie sociale de l'Amérique.
Un paisano, mi clochard, mi paysan hérite de 2 maisons et des changements qui vont de pair lorsque l'on devient propriétaire.
"Inutile d'avoir tant de choses fargiles autour de soi.Quand elles sont cassées on est tout triste. C'est bien mieux de ne jamais les avoir possédées."
Après avoir renoncé de ses amis paisanos un loyer:"Mes amis ont étés très froids avec moi récemment, parce qu'ils me devaient de l'argent. Maintenant nous pouvons de nouveau être libres et heureux."
Livre écrit en 1935, avec tendresse et humour sur des thèmes universels de la pauvreté, l'amitié, la possesion, la société de consommation et le devenir des humains face à ces évolutions (égoisme, jalousie, malveillance).
Un questionnement encore à l'ordre du jour de nos valeurs essentielles en ces temps incertains.
Pendant le confinement j'ai eu envie de me réfugier dans les mots d'un auteur que j'aime tant, John Steinbeck. J'ai ouvert Tortilla Flat avec les yeux d'une amoureuse transie, sachant très bien que j'allais retrouver une prose éblouissante au service de personnages simples et attachants, décrits avec humour et tendresse par un auteur qui les aime profondément.
Dès les premières pages j'y ai trouvé très exactement ce que j'étais venue y chercher. Danny, le personnage central de ce presque conte, est un joyeux bougre sans ambition ni projet jusqu'à ce que s'abatte sur lui la bonne fortune à travers un héritage aussi inespéré qu'inattendu. Du jour au lendemain, ce paisano sans le moindre sou se retrouve propriétaire de deux maisons et quasi rentier. Quasi seulement car pour qu'il y ait rente, faut-il encore que le locataire daigne payer son loyer. Or Danny, le cœur sur la main, va louer l'une de ses maisons à Pilon, un ami fauché comme les blés mais sincèrement motivé à lui verser un loyer. Mais chez les paisanos, l'argent ne tombe pas du ciel et a plutôt tendance à s'évaporer en alcool à mesure que des gallons de vin se mettent en travers de leur chemin, alors pour payer son loyer, Pilon a trouvé la solution. Il propose à son ami Pablo de venir vivre avec lui en échange d'un loyer qu'il reversera à Danny ! Mais comme on n'a que les amis que l'on mérite, Pablo se montrera à son tour incapable d'honorer sa dette, il faudra donc trouver un nouveau couillon pour régler ce foutu loyer.
C'est cocasse, drôle et touchant à la fois de voir cette bande de copains se leurrer les uns les autres sur leur capacité à s'extraire d'un quotidien misérable - mais pas malheureux - qui leur va finalement si bien. Aucune bonne résolution ne tient face à un litron de vin chez les habitants de Tortilla Flat. En revanche, si l'alcool vient à manquer, tout un chacun saura rivaliser d'ingéniosité pour trouver de quoi s'hydrater le gosier. A chacun ses priorités et la leur n'a jamais été de devenir riche mais seulement de trouver de quoi continuer à vivre d'insouciance et de mauvais vin.
Après quelques chapitres, j'ai cru percevoir une morale bien trop simpliste à cette histoire, évidemment je me suis trompée. Pilon, Pablo et les autres ne sont pas là pour l'argent de Danny, les calculs ça leur passe complètement au-dessus de la tête. Ce que décrit Steinbeck dans ce roman c'est un état d'esprit un peu naïf et dénué de tout stratagème de pauvres gens qui prennent comme ça vient ce que le sort leur réserve sans chercher vraiment à améliorer leur situation. Et finalement, la compagnie de bons copains ainsi que le nécessaire pour se remplir la panse suffisent à leur bonheur. La nature humaine n'est pas toujours aussi mauvaise qu'on le pense et on s'en voudrait presque de leur avoir prêté d'aussi viles intentions.
Encore une fois Steinbeck aura réussi à mettre en pièces mes jugements hâtifs. C'est ce que j'aime chez lui : plus je le lis, plus j'aime mes semblables. Même si ça n'est pas mon roman préféré de cet auteur car un peu décousu à mon goût (il s'agit plus de saynètes dans lesquelles sont entraînées la bande de copains que d'une trame romanesque comme dans Des souris et des hommes ou A l'est d'Eden), je persiste à penser que lire Steinbeck devrait être déclaré d'utilité publique.
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