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Manuel de survie à l'usage des incapables

  • Bienvenue dans un monde d’hyper-consommation et de profit à tout crin.

    Bienvenue dans un monde où l’être humain n’est plus qu’un outil de production parmi d’autres.

    Bienvenue dans un monde où la surexploitation de la main-d’œuvre laisse les travailleurs lambda abrutis de fatigue après leurs journées d’un boulot aberrant, tout juste capables de pousser sur le bouton du micro-ondes et celui de la télécommande.

    Bienvenue dans cette dystopie (si si, vous allez voir, on n’y est pas encore).

    Parce que dans ce joyeux univers où les nouveaux temples sont les hypermarchés et les centres commerciaux, il est devenu possible de privatiser les ADN et de croiser son code génétique avec celui d’espèces animales, histoire de donner naissance à des êtres ayant certes l’aspect humain, mais porteurs des caractéristiques du loup, du mamba vert ou de la loutre.

    C’est dans ce monde merveilleux qu’évolue Jean-Jean, agent de sécurité dans un supermarché. Une vie monotone, ennuyeuse, sans perspective, jusqu’au jour où il est impliqué dans le décès accidentel de Martine, caissière tout juste virée pour avoir perdu du temps à fricoter avec un collègue sur son lieu de travail (faute gravissime s’il en est, puisque autant de temps perdu à ne pas scanner les achats des clients impatients). Malheureusement pour la vie certes déprimante mais néanmoins paisible de Jean-Jean, les quatre fils-loups de Martine hurlent à la vengeance. S’ensuit une course-poursuite enragée et sanglante, qui mènera paradoxalement tout ce petit monde à un improbable retour à la nature.

    Ce « Manuel de survie… » est à la fois une dystopie, un thriller rocambolesque et un roman noir, cynique et sans grand espoir, puisque même la mort est… comment dire… exploitée. Si le style n’a rien d’extraordinaire, le ton est à l’humour décalé, et la narration est cinématographique et rythmée : les chapitres sont courts, passant d’un personnage à l’autre avec force rebondissements. Satire décapante du consumérisme, ce « manuel » foutraque et pas inoubliable n’assurera peut-être pas notre survie dans ce monde de dingues, mais il permet au moins de passer un moment divertissant.

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  • Amis lecteurs, tout d'abord, lorsque vous serez amenés, ici ou en librairie, à lire le titre de ce nouveau roman de Thomas Gunzig, bannissez immédiatement et implacablement tout sentiment négatif à son égard : scepticisme, snobisme, désintérêt ou impression de déjà lu.
    Car derrière celui-ci se cache l'une des pépites de la rentrée, mais l'une de celles qui, paradoxalement, risque de n'être jamais mentionnées par la critique littéraire.
    Phénomène d'ailleurs doublement étrange si vous vous êtes aperçus comme moi que ladite critique avait tendance cette année à vouloir vous vendre un petit groupe d'écrivains estampillés « contestataires », « rebelles » ou, plus généralement, censés avoir « pris à bras-le-corps la réalité de la contestation sociale » dans leurs livres.
    Si je vous dis tout cela en préambule, c'est parce que s'il y a bien un auteur qui en cette rentrée propose une vision acérée et (extra-)lucide sur notre société, c'est bien Thomas Gunzig !

    Mais rassurez-vous, il n'est pas pour autant question de sombrer dans un intellectualisme ronflant ni même d'être trop sérieux. L'auteur n'a pas l'intention de vous asséner une quelconque leçon; non, son but principal reste heureusement le plaisir de lecture pour ses lecteurs.
    D'où un roman totalement inclassable, délicieusement intelligent et ô combien mouvementé !

    Cocktail unique et explosif de roman noir, de récit d'anticipation, d'humour caustique, ce Manuel de survie à l'usage des incapables est une radiographie d'une lucidité terrifiante de notre société marchande, capitaliste et mondialisée. À travers le braquage d'un hypermarché devenu centre du monde et microcosme où travaillent, consomment et se croisent tout le « matériel humain » en âge de travailler de la ville, et une histoire de vengeance qui se transforme en course-poursuite, l'auteur met en scène des personnages que l'on croyait monstrueux parce que rendus à l'état d'animaux sauvages - des loups ! - et d'autres qui, bien qu'humains, finissent par se comporter en robots sans conscience à force de résignations, d'obéissance, de renoncements.
    Tous vont pourtant devoir affronter un ou des éléments déstabilisateurs, qui vont les transformer. Certains, vont ainsi pour retrouver le goût de vivre, le désir voire l'amour, d'autres verront leur autorité dans le groupe au sein duquel ils vivaient s'effondrer, mais tous, étrangement ne regretteront rien...

    Laissez-vous embarquer dans ce roman vivifiant et enthousiasmant de Thomas Gunzig, vous serez séduits dès le premier chapitre, décontenancés aussi, mais à l'image des personnages, il est plus que probable que vous non plus ne regrettiez pas, au final, cette odyssée chaotique et loufoque.
    Un roman inclassable, intelligent et follement original qui fait du bien, en cette rentrée littéraire.
    D'autant plus que sous sa fausse légèreté, ce Manuel indispensable sera probablement une belle source de réflexions...

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  • Le roman de Thomas Gunzig est complètement décalé, et pour cela, savoureux : on débute dans l'univers de la grande distribution, les protagonistes ont des noms improbables et partagent leur code génétique avec certains animaux : les loups pour les uns, le mamba vert pour une autre, la loutre pour une autre encore...
    L'intrigue est originale et ne ressemble à aucune autre, la prose est drôle et efficace, la lecture m'a en fin de compte tout à fait convaincue!

    Ma chronique complète est ici : http://viederomanthe.blogspot.fr/2016/02/manuel-de-survie-lusage-des-incapables.html

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  • Livre étonnant et bien foutu. Le lecteur sera surpris par le changement de cap narratif : on part sur une critique sociale, bien vue, de la société d'hyper consommation et puis on dérive vers le polar, avec une histoire de traque et de vengeance;
    Et autant le départ du livre fait sourire, autant la suite est noire.
    Au final, une impression un peu déconcertante mais franchement favorable.

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  • Un roman qui débute très bien, dans une critique très drôle de notre société de consommation. Un rythme et un humour très enlevés, des références à notre quotidien de consommateurs détournées non pas pour alléger la charge mais pour la rendre comique :
    "Marianne ouvrit les yeux. Il faisait presque complètement noir. Quelques photons se glissaient timidement sous l'encadrement d'une porte, juste assez nombreux pour dessiner les contours de ce qui avait l'air d'une salle de bains : une baignoire aux reflets opalins, les formes fantomatiques d'un évier et d'une toilette. Une chose était certaine, elle n'était pas chez elle, l'odeur de charogne et d'excréments qui saturait l'atmosphère le lui confirmait. Chez elle, la salle de bains était un endroit à la propreté clinique, passé au quotidien à la lessive Saint-Marc formule antibactérienne et délicatement parfumée au bois de santal par un diffuseur électrique." (p.166/167).
    De nombreuses trouvailles et originalités, comme ces hommes ou femmes à gènes d'animaux qui en ont donc une partie des comportements ou des caractéristiques physiques, un style résolument enjoué, direct, provocateur et insolent. Des digressions philosophiques, économiques, historiques, géographiques très nombreuses, et très souvent drôles. Mais la profusion de ces parenthèses m'a amené jusqu'au rejet. Là où au début, je rigolais, m'instruisais me disais que l'auteur avait du culot et un talent fou, j'ai fini par me dire qu'il abusait du principe un peu, puis beaucoup.
    Bon titre, belle couverture (bien vu, le diable de l'éditeur qui pousse un caddie), beau style et très bonnes idées pour un roman qui, s'il n'est jamais franchement décevant, n'est pas non plus totalement enthousiasmant ni convaincant, parce que trop étiré, trop affaibli par une répétition d'un processus drôle au départ puis lassant. L'impression d'un café (trop) allongé un peu fade là où on aurait pu déguster un expresso bien dosé, efficace prompt à tenir en éveil et à donner la pêche. Pour moi qui lis souvent en buvant un café, la métaphore s'est imposée.
    Pourquoi aller aux 400 pages lorsque le sujet en moitié moins tiendrait largement la route et convaincrait ? Mystère de l'édition.

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  • Cette rencontre avec l’écrivain belgeThomas Gunzig (1970 - ) permet à une trentaine de personne de se rencontrer au premier étage de ma librairie favorite (la seule de Wavre). Chouette ! Carine est là avec son lumineux sourire. Et nous voilà, bien installés, chacun sur sa chaise noire, serrés comme les troènes d’une haie, au milieu des collections de livre de poche. Tiens, j’ai les « Espaces Nord » à ma droite. Georges Rodenbach veille sur moi. Les conversations vont bon train : Wavre, son bourgmestre, son jardin urbain sur la place de l’Eglise, Mel Gibson, le Japon, le mariage de raison …
    Et lorsque l’écrivain paraît, le monde applaudit. Le cheveu sombre et bouclé, l’œil brun et pétillant, la lèvre légèrement ourlée de rose, le sourire franc. Le premier trait d’humour fait mouche. Il nous conquiert une seconde fois.
    Venu pour parler de son nouveau roman, il laisse à Sylvie Roland le soin de résumer succinctement l’intrigue : Jean-Jean, l’agent de surveillance d’un supermarché, tue, par un malheureux concours de circonstances, Martine la caissière. L’ami de celle-ci prévient ses quatre fils, quatre loups assassins, qui vont se lancer à la poursuite de Jean-Jean. Pour Sylvie, l’action se déroule dans un futur proche où le consumérisme règne en maître totalitaire, au mépris de tout humanisme. Très vite, Thomas Gunzig apporte la précision suivante : il n’y a pas plus contemporain ; cette époque, c’est la nôtre ! Et derrière les péripéties cocasses de l’intrigue, il y a la voracité du marketing, la logique implacable de la productivité, le tout teinté d’ironie et d’humour noir. Ce qui nous mène à une réflexion et, bien entendu, à une mise en garde vis-à-vis de notre société de consommation. Mais rien n’est caricatural, tout est vrai, tout est documenté. Un travail de deux années, soutenu par des lectures de théories de marketing, de technique de vente, de rencontres et d’interviews de gérants de grands magasins.
    Mais l’impulsion vient de l’enfance (encore ? oui, encore). Une image d’un lieu où tout peut s’acheter, un grand magasin d’Auderghem, où il est venu en famille, au milieu des formes, de la lumière, des couleurs, des odeurs. Au cœur de cette dynamique de séduction. Puis sur ce souvenir, vient se greffer l’expérience du job d’étudiant : caissier. Et ainsi la prise de conscience du rapport des clients avec cette fonction (et avec la personne qui l’incarne). Ensuite, dix années comme libraire ont peaufiné cette approche de ce monde à la déontologie élastique, à la méthodologie implacable, au vocabulaire guerrier, à la hiérarchie mesquine et inique.
    Ceci expliquant cela : peu de personnages du roman suscitent de l’empathie. À un moment ou l’autre, ils se révèlent tantôt lâches, tantôt violents. Mais très souvent bêtes et veules. Il n’y a donc pas de héros sur la continuité du roman. Si bien que chaque personnage a son moment de méchanceté, son étincelle de compassion, son morceau de bravoure …comme tout un chacun en ce bas monde (même Gandhi ? oui, même Gandhi). Et Thomas Gunzig d’avouer une réelle connivence avec tous ces personnages dont il a respecté la logique interne.
    Son style relativement visuel est très probablement nourri par une enfance passée devant la télévision et la vision de nombreux films en DVD. Sans oublier que l’ennui pendant les études primaires l’a poussé vers la lecture, surtout la science-fiction (Isaac Asimov, Philip K. Dick, A.E. Van Vogt, mais pas J.G. Ballard, m’a-t-il répondu !). Plus tard, Boris Vian et de nombreux auteurs américains, Charles Bukowski, Hubert Selby, John Fante, J.D. Salinger, pour leur humour, pour leur marginalité assumée, pour leur caractère sexué. Les classiques seront lus plus tard, après les études. Aujourd’hui, il lit aussi bien Guy de Maupassant que Fédor Dostoïevski, sans oublier Murakami (Haruki ET Ryo). Voilà ce qui a nourri l’homme et l’auteur dont l’humour, ce soir, a été souvent rapproché de celui de Pierre Desproges. Et, nous dit-il, sa lucidité face à notre monde occidental conduit naturellement à cette vision et à cette expression de celle-ci que beaucoup qualifieront de pessimiste. L’écrivain tente, humblement, tout doucement, de générer une part de bonheur aussi infime soit-elle pour le lecteur.
    Le succès des ventes vient le cueillir. Mais le rassure, un peu …

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  • thriller, roman noir, roman d'anticipation, roman d'aventures,humour, tout pour faire un bon livre. A lire!

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