Nathalène Goossens de la librairie Atout-Livre, située Avenue Daumesnil à Paris, vous présente son coup de coeur du moment.
Se pourrait-il qu'un tableau célèbre - dont la signature présente une anomalie chromatique - soit l'unique oeuvre qui nous reste d'un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne : un élève prodige de Titien, que lui-même appelait "le Turquetto" (le petit Turc) ? Metin Arditi s'est intéressé à ce personnage.
Né de parents juifs en terre musulmane (à Constantinople, aux environs de 1519), ce fils d'un employé du marché aux esclaves s'exile très jeune à Venise pour y parfaire et pratiquer son art. Sous une identité d'emprunt, il fréquente les ateliers de Titien avant de faire carrière et de donner aux congrégations de Venise une oeuvre admirable nourrie de tradition biblique, de calligraphie ottomane et d'art sacré byzantin.
Il est au sommet de sa gloire lorsqu'une liaison le dévoile et l'amène à comparaître devant les tribunaux de Venise... Metin Arditi dépeint à plaisir le foisonnement du Grand Bazar de Constantinople, les révoltes du jeune garçon avide de dessin et d'images, son soudain départ... Puis le lecteur retrouve le Turquetto à l'âge mûr, marié et reconnu, artiste pris dans les subtilités des rivalités vénitiennes, en cette faste période de la Renaissance où s'accomplissent son ascension puis sa chute.
Rythmé, coloré, tout en tableaux miniature, le livre de Metin Arditi convoque les thèmes de la filiation, des rapports de l'art avec le pouvoir, et de la synthèse des influences religieuses qui est la marque particulière du Turquetto. Né en Turquie, familier de l'Italie comme de la Grèce, Metin Arditi est à la confluence de plusieurs langues, traditions et sources d'inspiration. Sa rencontre avec le Turquetto ne doit rien au hasard, ni à l'histoire de l'art.
Car pour incarner ce peintre d'exception, il fallait d'abord toute l'empathie - et le regard - d'un romancier à sa mesure.
Cette fiction qui semble avoir son point de départ avec un tableau du Titien exposé au Louvre révèle que pouvoir, religion et art ne font pas toujours bon ménage. J'ai apprécié cette plongée dans la Renaissance italienne mais les personnages, dépeints avec trop de détachement, n'ont pas réussi à m'émouvoir.
Elie est né au début du 16ème siècle à Constantinople, de parents juifs. Son père ne sait que faire de ce fils qui ne pense qu'à dessiner, alors que ceci est interdit dans sa religion. Quand le père décède, Elie s'enfuit et part pour Venise, où les peintres sont reconnus. La ville va le reconnaître à son tour comme un grand artiste. Mais quand on découvrira la Cène qu'on lui avait commanditée, on va découvrir en même temps qui il est vraiment : le Judas, le Juif, le menteur qui a toujours caché ses origines. le verdict est alors sans retour : pendaison et autodafé de son oeuvre. Ce n'est pourtant pas la fin de cette histoire, pleine de rebondissements...
Les techniques picturales de l'époque sont bien expliquées et on n'a aucun mal à imaginer les oeuvres décrites. Une ouverture donc sur la peinture mais aussi sur les religions.
Et encore une fois, on prend conscience que les hommes savent vivre en paix malgré leurs croyances diverses. Seuls quelques hommes, souvent les plus aisés, engendrent la haine et se servent de la foi pour instaurer leur pouvoir.
L'auteur nous relate l'histoire d'Elie un jeune garçon juif né à Constantinople en 1519 doué pour le dessin mais sa religion et son rang social l'empêche de dessiner. Suite à diverses rencontres et à la mort de son père, il embarque pour Venise car il sait que là bas il pourra développer son art et pourra être apprentie. Arrivé à destination - malgré son jeune âge 10 ans - son talent et un mensonge - il se fait passer pour un Chrétien Grec - il entre en apprentissage chez Titien. La deuxième partie, Elie a une quarantaine d'années, il a une très bonne situation et est reconnue pour son talent, il est au sommet de sa gloire mais suite à une somptueuse commande ses origines vont refaire surface et cela marque le début de sa chute.
J'ai aimé ce livre, l'auteur nous fait rêver en nous relatant l'ambiance du bazar de Constantinople puis on continue de rêver avec les œuvres à Venise.
L'écriture est simple et l'utilisation du latin ou de l'arabe rend l'oeuvre plus vivante, plus réelle.
Pour les amoureux de peinture. Ou pas!
Un des mieux réussis de livres de Metin Arditi à mon avis.
Et rien n'empêche de prolonger le plaisir en allant saluer "L'homme au gant" au Louvre.
D'un détail sur un tableau, il a fait une magnifique histoire, si bien construite qu'elle pourrait appartenir à l'Histoire. Le Turquetto est un juif élevé au milieu des musulmans qui représentera mieux que personne l'humanité du Christ. Un plaidoyer pour la tolérance.
XVIeme siècle. Constantinople et Venise, deux villes majeurs de cette époque. Deux capitales d'empire. Ça c'est le décor. Le héros est un peintre, le turquetto, juif de Constantinople qui exprimera tout son génie artistique en émigrant un peu brutalement vers la Sérénissime. Il sera admiré jusqu'a être condamné. Je ne vais pas tout raconter mais au final n'est-ce pas un livre sur la tolérance ou plutôt l'absurdité de l'intolérance ? Le talent de ce peintre est reconnu par ses contemporains jusqu'au jour où l'on découvre ses origines... C'est aussi un livre qui traite de la force de l'art et de ce qu'il apporte à l'humanité. Même si il est condamné certains cherchent à sauver l'homme en tant que peintre et ses tableaux avec.
C'est bien écrit, c'est beau. J'ai beaucoup aimé lire ce livre. Et au vu des autres critiques je ne suis pas le seul!
Génial! L'aventure du talentueux et mystérieux "Turchetto" qui fuit Constantinople pour pouvoir vivre son art en toute liberté à Venise. Beaucoup mieux que le livre pourtant très médiatisé de Mathieu Enard qui raconte l'épopée inverse de Michel Ange venant travailler pour Bajazet. Ici, un plaisir visuel constant au-delà de l'absence d’œuvres aujourd'hui, une curiosité et frustration énorme de ne jamais connaître la cène profane mais des images et émotions pénétrantes, magnifiques, qui quelques mois après la lecture, m'habitent toujours. A lire absolument!
Le Turquetto c'est l'histoire d'un génie de la peinture sacrifié sur l'autel de l'intolérance : ressuscité par Metin Arditi, l'auteur de "L'homme au gant" revêt une nouvelle identité, celle d'un peintre juif qui pour pouvoir exercer son art a bouleversé sa vie et celle de ses proches.
Fallait-il tourner le dos à son père et à ses racines pour avoir le droit de peindre ? Fallait-il mettre en péril la vie de sa femme et de sa fille afin d'avoir le droit d'exercer son génie ? Au 16e siècle, leur religion interdisait aux juifs de peindre ou de dessiner tandis qu'en Italie, il était impensable qu'un juif exécute des peintures sacrées, quel que soit le talent du peintre...
Metin Ardit décrit avec minutie les souks de Constantinople et évoque à Venise une Eglise intolérante, ambitieuse et décadente. J'ai personnellement regretté que les personnages, et en particulier celui du Turquetto, ne soient pas plus fouillés...
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