Un texte qui nous entraîne à Tbilissi, capitale de la Géorgie, terre natale de Staline.
Une enquête après la découverte dans une chambre d'hôtel d'un jeune étudiant français, percepteur d'enfants d'un apparatchik milliardaire et de l'ancien patron du KGB géorgien.
Les policiers géorgiens vont essayer de comprendre ce premier meurtre et en particulier, le jeune inspecteur, Nougo Shenguelia, francophone et francophile car il a été en stage en France lors de sa formation de policier. Il va rencontrer René Turpin, premier conseiller de l'ambassade de France, qui lui aussi va essayer de comprendre ce qui a conduit à ses meurtres. Leur enquête va les conduire à Tskaltoubo, ancienne cité thermale où Staline possédait une datcha et où a été retrouvée la fameuse baignoire du titre. Nous allons aussi découvrir la vie de Kim Philby, agent double voire triple.
L'auteur nous parle très bien de la Géorgie, de son histoire et son rapport au Grand Frère russe :
"Vous voyez, jamais les Russes, ne nous laisseront tranquilles. Nous sommes condamnés à vivre dans l'ombre de Moscou."
"Le message est clair. On ne quitte pas l'Union Soviétique. Elle est toujours là. Impalpable. Menaçante. Omniprésente. Prête à frapper n'importe où. Je me demande si tout cela finira un jour." p196.
A noter que 20 % du territoire géorgien est occupé par la Russie et Poutine depuis 2008.
Ce texte est un bel hommage aussi au pays géorgien, de belles descriptions de la capitale mais aussi de la campagne et de belles pages aussi sur la gastronomie. Le diplomate adore dîner avec son vieux voisin et ils dégustent du khatchapouri (pain fourré au fromage), des khinkali (gros raviolis fourrés au porc ou au boeuf) et autre tchakapouli (agneau aux prunes vertes et aux herbes). Et l'auteur nous met l'eau à la bouche.
Le personnage de Turpin m'a fait penser à Aurel, le consul enquêteur de Jean Christophe Ruffin mais le personnage de Renaud S Lyautey est moins décalé et semble être un miroir de l'auteur, puisque celui ci a été ambassadeur en Géorgie.
J'ai apprécié ce texte pour ce mélange de la grande Histoire avec un grand H et la petite histoire, celle de petits gens qui ont essayé de survivre dans un pays bousculé par les ambitions politiques de dirigeants.
L'auteur mêle donc l'histoire mais aussi le contemporain et ce que la Géorgie, petit état, tente d'établir. L'auteur parle bien par exemple, des jeunes policiers, formés à l'étranger.
Le personnage de Nougo Shenguelia est touchant car il raconte l'exil interne qu'a subi ses parents. Originaire de l’Abkhazie, une région du nord-ouest de la Géorgie, encouragée à proclamer son indépendance par la Russie. Sa famille a dû fuir en 1993 et Nougo est hanté par les fantômes de cet exode forcé.
Fin 2003, le nouveau président géorgien licencie tous les policiers car ils sont tous considérés comme corrompus ! Il engage des jeunes, nettement mieux payés. Nougo en fait partie. Formé près de Lyon, il a été initié aux techniques les plus modernes d’investigation de la police française.
Les deux vieux voisins de Turpin vont être eux aussi impliqués dans cette histoire et cela va nous entraîner dans les années sombres de l'union soviétique.
Et il y a des personnages réels, que ce soit Staline et ses séjours dans sa baignoire à Tskaltoubo, ancienne cité thermale, où il ne reste que des ruines de ces termes. Que ce soit aussi Kim Philby, cet agent britannique et russe et qui peut être considéré comme un agent double voire triple. Et je vais m'empresser de lire "portrait de l'espion en jeune homme" de Robert Litell.
Et vais aussi lire le premier roman de Renaud S Lyautey, malheureusement trop tôt disparu.
Un roman policier qui nous en apprend beaucoup sur l'Union Soviétique, sur le Géorgie actuelle avec une palette de personnages très touchants.
LaBaignoiredeStaline #NetGalleyFrance
Au-delà du suspense, on en apprend beaucoup sur le post-soviétisme. Bonne lecture !