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En Pennsylvanie, dans les années 80, deux jeunes que tout semble opposer sont amis.
Isaac a vingt ans et est resté à Buell pour s'occuper de son père invalide.
Jeune à haut potentiel, il aurait dû entrer en fac.
Il est petit et malingre.
Billy est grand et baraqué, il aime la bagarre.
Une sale affaire va les mettre dans le pétrin.
Buell était une ville prospère dans cette vallée sidérurgique, mais toutes les usines ont fermé les unes après les autres.
Chômage, débrouille, et souvent désespoir.
Traduit une première fois sous le titre « Un arrière-goût de rouille », ce roman donne une vision de l'Amérique en crise par le biais de deux personnages fort attachants.
Ça m'a un peu rappelé les romans de Nicolas Mathieu et l'ambiance désolante et sans espoir des régions sidérurgiques de l'est de la France.
Sauf que j'ai trouvé American Rust beaucoup plus puissant.
C'est aussi un roman noir et déprimant mais plus complet et mieux écrit je trouve.
Six personnages principaux s'expriment à tour de rôle, donnant chacun sa vision de la situation.
Chacun va au bout de lui-même
L'amitié entre Isaac et Billy est totale et magnifique.
Grâce et Harris sont attendrissants.
J'ai beaucoup apprécié le style de Philipp Meyer et cette bouleversante histoire m'a menée bien loin de mon confort quotidien.
Pourquoi ai-je mis autant de temps à ouvrir ce roman ? Il était gros, je me disais que je ne trouverais jamais le temps de le lire pleinement, à grandes goulées. J’avais peur de le picorer et de n’en pas gouter la véritable saveur. Et bien, je n’avais pas mesuré la capacité de ce livre à me tenir éveillée. Lorsqu’un roman nous tient dès les premières lignes, nous prenons le temps de nous installer pour entrer dans son monde. Nous peinons à le poser le soir (même si la fatigue se fait sentir) et nous nous réjouissons de le reprendre le matin ou le lendemain en fin d’après-midi. Il devient tellement attractif, que nous n’imaginons pas faire autre chose que de l’ouvrir pour voyager avec les personnages, pour les épauler, les écouter, leur tendre la main.
Ce roman, c’est l’histoire de deux jeunes hommes qui vont être confrontés à de graves difficultés. Un drame va faire basculer leur vie. Ils ne seront plus jamais les mêmes.
Isaac, a perdu sa mère, il vit seul avec son père invalide et il rêve de Californie. Il est brillant, atypique et peu enclin à lier des amitiés. Billy Poe vit avec sa mère dans un mobil-home, son père est toujours parti par monts et par vaux, il a été une star de l’équipe locale de football américain. Il est paumé.
Pour être sauvé, il faut partir. Comme l’a fait la sœur d’Isaac.
Dans cette Amérique malade, qui s’éteint dans ses coins les plus reculés, la misère, la violence, règnent en maître. Et c’est cette crise profonde que Phipp Meyer pointe avec talent.
« Tout ça formait un système complexe : quand les usines avaient fermé, c’est toute la vallée qui s’était effondrée. L’acier en était le cœur. Isaac se demanda combien de temps il faudrait à la rouille pour tout ronger, à la vallée pour retrouver son état sauvage. Seules resteraient les pierres.
Pendant un siècle, la vallée de la Monongahela River, que tout le monde appelait la Mon, avait été la plus grosse région productrice d’acier du pays, et même du monde en fait, mais le temps qu’Isaac et Poe grandissent, cent cinquante mille emplois avaient disparu et nombre de villes n’avaient plus les moyens d’assurer les services publics de base – la police, notamment. Comme la sœur d’Isaac avait dit à un ami de fac : La moitié des gens se sont tournés vers les services sociaux, les autres sont redevenus chasseurs-cueilleurs. »
La peinture de cette Amérique n’est pas nouvelle mais ce qui est passionnant dans ce roman, c’est le point de vue. Le lecteur suit les personnages et observent leurs façons de réagir, leurs interactions avec les autres, que ce soit en milieu fermé, ou en pleine errance sur les routes, la même insécurité règne, et on tremble pour ces deux jeunes, on s’attache à leurs basques, on ne veut pas les perdre, on a peur pour eux.
Et puis aux côtés de ces jeunes, il y a Harris, un flic au caractère complexe, ni tout blanc, ni tout noir, tout simplement humain et qui se questionne sur ce qu’il doit faire ou ne pas faire. Car tout est histoire de choix dans ce roman.
Les mauvais choix. Tous les personnages remettent en cause leurs décisions, l’un pense qu’il aurait dû se lever dans la nuit pour ne pas se faire dévaliser, l’autre qu’il n’aurait pas dû accepter de tabasser un maton… chacun porte le poids de ses propres erreurs et essaie de s’en sortir comme il peut.
Ce roman choral est excellent (je n’avais aucune envie de le terminer, je l’aurais bien poursuivi encore sur cinq cents pages) et chose incroyable, c’est le premier roman de Philipp Meyer qui nous offrira quelques années après Le fils. Hâte de découvrir un prochain roman…
Après avoir passé plusieurs années à s'occuper de son père handicapé, Isaac, vingt ans, décide d'enfin partir, quitter cette région sinistrée et peut-être enfin faire sa vie.
Loi de Murphy oblige, tout ne va pas se passer comme prévu et bientôt Isaac, sa sœur Lee, son meilleur ami Billie, la mère de ce dernier et le chef de la police locale vont voir leurs vies bouleversées.
Il y a peu d'espoir dans American Rust, un peu comme dans le générique de Mad Men, vous voyez quand Don Draper tombe sans fin pendant sept saisons ?
Dans cette vision sombre d'une Amérique brisée, les personnages sont d'une grande beauté et le contraste donne un roman intense.
American Rust est une réédition du premier roman de Philipp Meyer, paru en 2009 et m'a donné une terrible envie de lire Le fils, son roman suivant.
Les éditions Albin Michel ont décidé de rééditer le premier roman de Philipp Meyer dans une traduction révisée de Sarah Gurcel, 10 après sa parution sous le titre « Un arrière-goût de rouille ».
Bonne idée parce que nous sommes nombreux à avoir été impressionné par « Le fils », une saga familiale ambitieuse et incroyablement maitrisée que je vous recommande fortement.
Autrefois à Buell, ville sidérurgique de Pennsylvanie, les gens pouvaient gagner 30 $ à 40 $ de l'heure. Mais ça c’était avant. Avant que les usines ferment où soient délocalisées. Il ne reste plus que quelques jobs à 5 ou 7 $ de l’heure. Beaucoup de personnes sont parties à la recherche d’un avenir meilleur mais pour ceux qui sont restés, « La moitié des gens se sont tournés vers les services sociaux, les autres sont redevenus chasseurs-cueilleurs. Une exagération, mais pas tant que ça. ».
Les deux personnages principaux sont deux amis, Isaac English et Billy Poe. Isaac est un jeune homme brillant mais qui est resté coincé à Buell, s’occupant de son père veuf et malade alors que sa sœur, Lee, a fui faire ses études à Yale où elle a trouvé un riche mari. Billy Poe, lui, était la star du football à l’école, les universités étaient prêtent à l’accueillir mais il n’a jamais franchi le pas et finalement il végète dans le mobil home de sa mère.
Isaac va décider de prendre la route et comme tout bon personnage steinbeckien, il part à pied pour la Californie. Il demande à son ami de l'accompagner pour une partie du voyage sauf qu’il ne vont pas aller bien loin avant qu'un événement tragique les stoppe et change leur vie à jamais.
Voilà pour l'intrigue dont je ne vous parlerai pas en détail afin de ne rien divulgâcher. On est typiquement dans le genre de roman qui plonge le lecteur dans le cœur de l’Amérique contemporaine, celle économiquement dévastée, celle de la crise, des maisons abandonnées, celle du rêve perdu et du désespoir. Je suis très bon public des histoires de ce genre même si on peut reprocher à celle-ci de nous parvenir alors que d’autres auteurs ont déjà merveilleusement exploité la thématique. Je pense à Michael Farris Smith, à David Joy et consorts. Il y a forcément une impression de déjà-vu. Il convient donc de ne pas oublier qu’il a été écrit en 2009 pour ne pas bouder son plaisir.
Car plaisir, il y a ! Elle fonctionne plutôt très bien cette histoire (même si à mon gout ça lambine un peu par moment). Meyer écrit avec une telle assurance, avec un tel réalisme qu'en quelques chapitres, vous êtes ferré. Les paysages du déclin industriel sont très bien rendu, tout comme les répercussions sur les choix et les décisions des habitants. La narration alterne entre les personnages à chaque nouveau chapitre et l’auteur compresse une énorme quantité d'informations sur les personnages dans d’efficaces dialogues internes qui vous donnent l'impression de les suivre depuis déjà 4 tomes.
Si je ressors de ma lecture avec un plaisir mitigé en raison d’un petit côté réchauffé, j’ai globalement apprécié cette histoire qui met au centre l’amitié et la loyauté avec cette question : jusqu'où peut-on aller pour protéger un être cher ? Faut-il se sauver ou sauver l’autre au risque de sa propre sécurité ?
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