Vous êtes de plus en plus nombreux à partager vos lectures sur ce site.
Nous mettons donc régulièrement en avant vos avis éclairés sur des romans de jeunes auteurs, de jeunes maisons d'édition ou moins connues.
Cette semaine, c'est au tour de Catherine Giry-Deloison de partager son avis sur le livre Je suis la maman du bourreau de David Lelait-Helo, publié aux Editions Héloïse d'Ormesson, faisant partie de la sélection du Prix Orange du Livre 2022.
L'avis de Catherine Giry-Deloison sur le livre Je suis la maman du bourreau
" Tout d'abord, un grand merci à lecteurs.com de m'avoir fait découvrir David Lelait-Helo, un écrivain que je ne connaissais pas, dont l'écriture au scalpel m'a fait penser à l'immense Gustave Flaubert...
Au crépuscule de sa vie, la très bigote Gabrielle de Miremont voit sa vie bien réglée s'effondrer le jour où le journal local annonce un scandale pédophile au sein de l'église. La personne visée n'est autre que son fils tant aimé, prêtre de son état...
Avec beaucoup de finesse et une capacité à créer une tension parfois insoutenable, l'auteur montre comment cette nonagénaire habitée par Dieu et pleine de certitudes accepte de reconnaître la faute impardonnable commise par son cadet, un crime qui aurait pu être évité si le clergé n'avait pas été aussi aveugle et mutique.
Et, c'est pleine de colère contre ceux qui l'ont trahie et pénétrée d'un sentiment de culpabilité, qu'elle fait le récit de sa chute qui est aussi une forme de rédemption.
Par sa voix, l'auteur dénonce le poids de la transmission familiale et de la religion, en l'occurrence catholique, qui, dans sa version intégriste, aliène le croyant et lui ôte tout libre arbitre et toute possibilité de s'inventer une vie (rappelons que le mot religion viendrait du latin religare qui signifie relier).
C'est un journaliste, symbole de la liberté d'expression et chargé de faire naître la vérité, qui va ouvrir les yeux de Gabrielle sur l'évidence.
Mais cette prise de conscience aussi brusque, et que certains pourraient trouver peu crédible, ne trouve-t-elle pas ses origines dans un amour de jeunesse que la vieille femme, toujours digne dans sa douleur, a gardé inconsciemment à l'esprit ? Cette épiphanie tardive ne serait-elle pas l'élément déclencheur de l'ouverture d'un cœur trop longtemps hermétique au malheur des autres qui prend conscience, qu'à côté de sa vie bien réglée, il y a des victimes, en particulier une, de l'ignominie d'un serviteur de Dieu qui a sali le message d'amour du Christ et profité de son magistère moral pour commettre l'irréparable, cet acte qu'il est impossible de pardonner alors que l'église pardonne tout en lavant les péchés ? Et ce, en toute impunité pensant qu'il est au-dessus de la justice des hommes et occultant la souffrance des petits suppliciés...
En s'épaulant, Gabrielle et Hadrien, le jouet du prêtre, vont endurer des déchirements parallèles. Et la mère sera prête à tout pour racheter les fautes de son pédophile de fils, y compris à se sacrifier pour sauver l'âme de la victime devenue adulte...
Une lecture puissante qui donne envie de découvrir l'ensemble de l’œuvre de David Lelait-Helo dont « Je suis la maman du bourreau » est placé sous le signe de Gramsci, dont la sentence « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » résonne comme une menace."
J ai lue des livres sur se sujet ,il donne vraiment l envie de le découvrir, et voir la fin de cette histoire particulière quand même
Bonjour, effectivement ça a l'air d'être une lecture puissante !
Je me le note à lire !